Actuellement notre troupeau est constitué de 44 chèvres et 8 chevrettes, 2 boucs et 2 castras. Notre objectif est d'obtenir un troupeau de 50 mères, en rythme de croisière. La chèvrerie et la fromagerie ne sont pas regroupées. Le bâtiment d'élevage est dans la plaine, tandis que le laboratoire lui se trouve dans le centre du village.
Concernant, l'élevage de nos animaux nous avons d'un côté les productrices, et de l'autre les jeunes.
Les chèvres ont un accès libre à
l'extérieur presque toute l'année (sauf l'hiver) leur
donnant une certaine liberté. Les pâtures n'étant
pas très riches, elles ont un apport constant en fourrages et
aliments. Cela permet aussi d'avoir un lait avec des
caractéristiques restant assez régulières.
Quant aux chevreaux, nous les séparons de leur mère le
plus tôt possible par choix. Nous les laissons quelques heures le
temps surtout qu'ils boivent le colostrum. Après quoi ils sont
nourris au biberon (pendant 4 à 7 jours), puis au seau à
tétine. Ils ont le premier lait de leur mère quasi la
première semaine, puis boivent du lait en poudre si je
n'en ai pas assez (car j'utilise tout pour la transfo). Les
chevrettes
sont sevrées vers 2 mois et se familiarisent avec l'aliment et
le foin dès 1 mois. Elles peuvent être mises à la
reproduction dès l'âge de 6 mois, mais nous jugeons
surtout en fonction de leur poids (entre 25 - 30 Kg). Les
débouchés pour les chevreaux ne sont encore pas
très bien définis, certains partent chez des
particuliers (pas beaucoup quelques uns seulement). Dans ce cas nous
les gardons jusqu'à 2 ou 3 mois, mais guerre
plus. Mais une grande majorité sont vendus à un
engraisseur et ils partent entre 8 et 15 jours ce qui diminu le temps
de travail sur l'élevage.
Nous avons choisi de pratiquer la monte naturelle.
Les chèvres sont des animaux ayant des caractéristiques
un peu particulières ; on dit qu'elles ont une reproduction
"saisonnière". Elles ne viennent en chaleurs que lorsque les
jours décrois, avec une forte manifestation en Automne. Courant
l'été nous démarrons ce que l'on appelle un
"Flushing" pour préparer les reproducteurs (mâles et
femelles) à la lutte (mise à la reproduction).
Cela consiste en deux point essentiels :
La mise à la reproduction est l'évènement le plus important du cycle de l'élevage. C'est ce moment-là qui permet la planification de la saison. A partir de là s'organisent la période de gestation, de mise-bas et de lactation et avec cela une gestion de l'alimentation en fonction de leur besoins. Nous mettons les chèvres à la reproduction durant Août-Septembre, pour des mises-bas groupées un maximum sur Mars (durée de gestation : 5 mois). Afin d'assurer un maximum la production nous pratiquons des échographies autours des 2 mois de gestation. Cela nous permet de prévoir la période de tarissement (2 mois pendant lesquels la mamelle reste au repos), et de confirmer la période des mises-bas. Cela nous laisse aussi la possibilité d'un retour au bouc pour les chèvres vides. Dans le cas d'une infécondité, la réforme de l'animal est alors envisagée.
La traite s'effectue deux fois par jour avec une
production moyenne de 650 L/chèvre/an. Pour cela nous disposons
d'un mono quai de 12 places avec 6 postes trayeurs. Nous profitons de
la traite (moment privilégié) pour leur distribuer leur
ration d'aliments, les examiner et faire leurs soins si besoin, et
aussi pour les flatter et les récompenser ! La période de
lactation dure environ 10 mois (de Mars à Décembre inclus)
avec un pic de lactation sur mai-juin. En 2010, nous avons
récolté environ 35 litres de lait par jours pour 20
chèvres en lactations. Après chaque traite le lait est
transporté en bidons jusqu'à la fromagerie pour
être transformé.
La production de 2012 a été jusqu'environ 150 L de lait/jour en pic de lactation.
Pour favoriser un lait de qualité et avec un bon rendement de transformation, assurer un apport riche, de qualité et varié en protéines est la clef !
Et oui un apport riche, de qualité et varié en protéines est la clef. La ration de base, en période de lactation se compose donc d'orge et de complément azoté. Mais pour qu'elle assure son rôle au maximum, il est nécessaire que la panse de l'animal soit rempli de fourrage grossier. Ainsi la panse est active (c'est ce que l'on appelle la rumination) est cela permet une meilleure assimilation des nutriments. Nous leur distribuons aussi du fourrage (foin de prairie et foin de luzerne un peu plus grossier et riche en protéines).
La première saison a été un peu spéciale, surtout du fait qu'il a fallu tout mettre en place ; de la constitution du troupeau à la construction des bâtiments, en passant par le début de la production. Nous avons passé les premiers mois de lactation à traire les chèvres une par une, à la main, dans une case à cochon. Le bûcher de la maison était rempli de chevreaux, et la météo n'était guerre en notre faveur. Cela dit ce fût tout de même une sacré expérience ! Nos débuts n'ont pas été des plus faciles, ce qui est, je pense le cas de beaucoup de personnes qui entreprennent quelques choses. Nous avons beau essayer de planifier au mieux, il est impossible de tout prévoir. Mais ce qui est encourageant, c'est de savoir que nos efforts n'ont pas été vaincs et qu'ils nous ont permis de progresser.
Le cycle naturelle chez la chèvre est
d'être en lutte en Automne, et d'avoir ses petits au printemps
(après 5 mois de gestation). Nous supposons qu'ainsi les
chevreaux n'ont pas à braver l'hiver durant les premiers jours :
un moyen de préservation naturel de l'espèce. Nous avons
fait le choix d'en tenir compte dans notre mode de production. Par
ailleurs, il est important de mettre au repos la mamelle (2 mois avant
la mise-bas) avant de reprendre un cycle de lactation. C'est lors de
cette période donc que la production de lait stoppe, et avec
elle la fabrication des fromages.
Mais comment se fait-il qu'on trouve quand même du fromage de
chèvre en hiver me direz-vous ? Tout simplement parce que dans
certains élevages les chèvres sont
désaisonnées. L'éleveur fait venir les
chèvres en chaleurs en jouant sur la lumière et les
synchronise par le biais d'hormones en posant des éponges qui
les diffusent. L'insémination artificielle va en
général de paire avec ce système d'élevage.
Cela permet alors d'avoir du lait toute l'année.